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DE PHYSIQUE.

vient que la main va droit à l’objet qui est à sa portée, et que nous voulons toucher ou saisir. Nous parvenons encore à frapper sûrement, avec l’extrémité d’un bâton que nous avons à la main, un objet situé à une certaine distance ; mais dès que nous n’employons plus qu’un œil pour fixer l’objet, alors le point de concours des deux axes optiques n’ayant plus lieu, il nous est beaucoup plus difficile de juger de la position de l’objet, comme on peut s’en assurer à l’aide de l’expérience suivante[1]. On suspend un anneau à la hauteur de l’œil, par le moyen d’un fil délié, de manière que l’on ne puisse en voir l’ouverture. On prend un bâton long d’un mètre, à l’extrémité duquel on attache transversalement un autre bâton plus petit : alors fermant un œil, on essaye d’enfiler l’anneau avec le petit bâton, et c’est presque toujours inutilement. Que l’on se serve des deux yeux, et l’on réussira dès la première tentative.

759. C’est en conséquence de ce que chacun des axes optiques est toujours exactement dirigé vers le point de l’objet que nous fixons de préférence, que quand nous n’avons besoin, relativement à cet objet, que d’un simple alignement, comme quand le chasseur vise l’animal sur lequel il veut tirer, nous fermons un œil, pour mieux estimer la direction sur laquelle se trouve l’objet.

760. Quoique chacun des objets situés devant nos yeux ait son image dans l’un et l’autre de ces organes,

  1. Musschenbroek, Essai de Phys., t. II, p.568, N°. 1211.
Tome ii.
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