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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

même les images des points qui leur correspondent sur l’objet.

Tous les pinceaux partis des autres points de l’objet font le même office, en sorte qu’il se forme au fond de l’œil une image complète de cet objet, mais qui est renversée, en conséquence de ce que les rayons qui viennent des points situés de part et d’autre de celui du milieu, se croisent en traversant la prunelle. L’opinion la plus commune est que l’image se peint sur la rétine : cependant, de célèbres anatomistes ont pensé que la choroïde étoit la véritable toile du tableau[1].

On peut vérifier, par l’expérience, ce que nous venons de dire sur la cause de la vision, en prenant l’œil d’un bœuf tué récemment, et en le dépouillant par derrière de sa sclérotique. Si l’on place cet œil dans l’ouverture faite au volet d’une chambre obscure, de manière que la cornée soit en dehors, on verra, à travers les membranes transparentes de la partie opposée, les images distinctes des objets extérieurs.

755. Cette vérité une fois reconnue, qu’aussitôt qu’un objet est devant l’œil, cet objet a son portrait au fond de l’organe, il semble d’abord que la vision n’ait plus besoin d’autre explication ; et l’on seroit tenté de croire que nos yeux, à l’instant où ils s’ouvrent pour la première fois, sont déjà tout dressés, et que la seule présence des objets suffit pour que les impressions faites sur la rétine, et transmises par l’intermède du nerf optique jusqu’au cerveau, donnent occasion à l’ame

  1. Smith, Traité d’Optique, p. 44, notes 31 et suiv.