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DE PHYSIQUE.

connoissoient ne leur avoient pas échappé[1] ; ils admiroient la position de l’œil dans le lieu le plus élevé de la tête, d’où, comme une sentinelle, il embrassoit dans un seul regard une multitude d’objets ; son extrême mobilité, et cette facilité qu’il a de se diriger en tout sens, et de se multiplier, en quelque sorte, par la variété de ses situations ; la souplesse des paupières toujours prêtes à s’abaisser comme un voile pour le défendre, soit de l’impression d’une lumière trop vive, soit du choc d’un corps extérieur, ou pour favoriser la puissance du sommeil sur l’ensemble de tous les organes. Mais ces observations, et d’autres du même genre, se bornoient aux alentours de l’œil ; on n’avoit pas pénétré dans le mécanisme intime de la vision. On a reconnu depuis que cet organe étoit un véritable instrument d’optique, au fond duquel la lumière va dessiner, ou plutôt peindre, les portraits en petit de tous les corps situés en présence du spectateur ; et l’on peut dire que parmi tant de sujets d’observation que la nature présente à l’œil de toutes parts, il ne voit rien qui porte plus sensiblement l’empreinte d’une intelligence infinie que la structure de l’œil lui-même.

753. Entrons dans les détails, et commençons par une description de l’œil, qui seroit imparfaite de la part d’un anatomiste, mais qui suffit au physicien, pour prendre une idée des effets de la vision.

La cavité dans laquelle l’œil est logé se nomme l’orbite de l’œil. Les nerfs optiques qui, séparés en partant

  1. Cicero, de Nat. Deor., t. II, n. 141 et seq.