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DE PHYSIQUE.

dont il suffit que la toile passe à un nouveau degré de ténuité, pour faire naître à l’instant un nouveau coloris.

Des Rapports entre la Lumière et la Chaleur.

Dans l’exposé que nous allons faire des rapports qui existent, à plusieurs égards, entre la lumière et la chaleur, nous nous bornerons à la considération des faits, sans prétendre en tirer aucune induction sur l’identité des causes. Nous avons cru que cet exposé trouveroit ici d’autant plus naturellement sa place que, dans des expériences récentes, on a essayé d’ajouter à nos connoissances, sur les rapports dont il s’agit, en employant la lumière colorée, comme terme de comparaison.

743. On sait que les rayons solaires échauffent, en général, les corps exposés à leur action ; mais ils ne les échauffent pas tous au même degré, et Schéele avoit saisi, avec la sagacité qui lui étoit ordinaire, les circonstances qui font varier l’intensité de leur action, et le principe qui sert à expliquer cette diversité. Ce célèbre chimiste ayant exposé à cette même action deux thermomètres égaux, dont l’un étoit rempli d’alkohol coloré d’un rouge foncé, et l’autre d’alkohol non coloré, observa que la liqueur rouge montoit plus rapidement que celle qui étoit sans couleur ; mais si l’on plongeoit les deux thermomètres dans l’eau chaude, les mouvemens de la liqueur étoient les mêmes de part et d’autre. Schéele avoit encore remarqué que plus la couleur d’un corps approche du noir, plus aussi ce corps est échauffé promptement par les rayons du soleil ; tandis qu’au