Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 2.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

censées être les rayons incidens, une variation un peu sensible dans leurs directions en produira une très-grande dans celle des rayons réfractés cr, cr′.

733. On explique aisément, d’après les principes que nous avons exposés, les couleurs produites dans certaines liqueurs qui n’en avoient aucune sensible, par le mélange d’une de ces liqueurs avec l’autre, ou les changemens de couleur que subit, dans le même cas, une liqueur naturellement colorée. Ainsi, l’acide nitrique, versé dans l’alkohol, où l’on a fait infuser assez légèrement des feuilles de rose pour qu’il n’en prit point la teinte, développe tout à coup une couleur semblable à celle qu’avoient les roses avant l’infusion. Le même acide, mêlé à la teinture de tournesol, change le bleu en un rouge vif. Le sirop de violette devient vert par l’addition d’un alkali. Dans tous ces mélanges, la réunion des molécules des deux liquides forme des molécules mixtes, dont l’épaisseur est différente de celle des molécules composantes, et détermine la réflexion de la couleur analogue à cette épaisseur.

734. Considérons maintenant les accès de facile réflexion et de facile transmission dans les corps transparens, et commençons par ceux qui sont limpides et sans couleur. Les particules de ces corps surpassent en ténuité la plus petite épaisseur qui soit capable de réfléchir la lumière, et en conséquence les rayons qui pénètrent les molécules situées à la surface, sont transmis ; car les particules dont il s’agit sont dans le même cas que la petite lame d’air située près du contact des deux objets dans l’expérience des anneaux colorés, et qui transmettoit toutes les couleurs sans en réfléchir