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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

Pour saisir la raison de cette différence, supposons que ablk (fig. 110) représente la coupe d’une lame de quelque substance, dont la densité soit incomparablement plus grande que celle du milieu qui environne cette lame : dans ce cas, un rayon de lumière rc, qui rencontrera la surface de cette lame sous une obliquité quelconque, se réfractera dans l’intérieur, suivant une direction ci qui s’écartera très-peu de la perpendiculaire un au point d’immersion, à cause de la grande différence entre le sinus d’incidence et celui de réfraction. Qu’un autre rayon incident r′c rencontre la même surface sous une obliquité sensiblement différente ; le rayon réfracté co ne s’écartera pas beaucoup plus de la perpendiculaire un, et par conséquent les espaces entre ab et kl, mesurés par les deux rayons réfractés, ne différeront que d’une petite quantité ; d’où il suit que la couleur qui dépend de ces espaces ne subira qu’un léger changement. Supposons, au contraire, que la densité de la lame ablk approche d’être égale à celle du milieu environnant : dans ce cas, les rayons incidens dg, sg ne subiront qu’une légère inflexion en traversant la lame ; en sorte que les rayons réfractés gp, gm étant presque sur la direction des rayons incidens, il en résultera une grande différence entre les espaces mesurés par ces rayons, et en même temps entre les couleurs relatives à ces espaces.

732. Ceci peut servir à faire concevoir les changemens que subissent les couleurs de certains corps, sous différentes positions de l’œil : telles sont celles qui embellissent le plumage de plusieurs oiseaux, et en particulier celui du paon. Ces couleurs, déjà si riches et