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DE PHYSIQUE.

prétend pas désigner leurs plus petites molécules, ou celles que nous appelons molécules intégrantes. Pour concevoir ce qu’on doit entendre par les particules qui réfléchissent la lumière, on peut supposer, avec Newton, que les molécules intégrantes déjà séparées les unes des autres par des pores forment, au moyen de la réunion d’un certain nombre d’entre elles, d’autres molécules du second ordre, séparées par des pores plus étendus ; que celles-ci, à leur tour, composent des molécules du troisième ordre, avec des interstices toujours plus considérables, et ainsi de suite[1]. Or, les particules qui réfléchissent la lumière, dans l’état ordinaire d’un corps, ont une certaine épaisseur, d’où résultent entre elles des séparations d’une certaine étendue : ces particules sont censées alors isolées relativement à celles qui les avoisinent. Les milieux qui les interceptent, savoir, les fluides subtiles qui occupent leurs pores, et l’air qui environne leur surface extérieure font l’office des deux verres, entre lesquels est comprise la lame d’air dans l’expérience de Newton ; par exemple, dans une lame de mica d’une épaisseur sensible, il y a des particules d’un certain ordre, qui ont la propriété de réfléchir les rayons d’un blanc-jaunâtre ; et ce sont celles qui se trouvent naturellement à des distances respectives suffisantes, pour que la lumière agisse sur elles comme si elles étoient seules. Si vous divisez cette lame par feuillets jusqu’à un certain degré de ténuité, vous isolez des particules d’un autre ordre qui réfléchiront d’autres couleurs, ainsi que le confirme l’observation.

  1. Optice Lucis, lib. III, quæst. 31.