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DE PHYSIQUE.

violet, de vert et de bleu qui tirera sur la couleur verte. Dans toutes ces variations de couleurs, les rayons ne changent point de qualité ; ils n’agissent point les uns sur les autres ; ils ne font que se mêler en diverses proportions.

691. Ces conséquences se trouvent confirmées par une nouvelle expérience de Newton, dont il a puisé l’idée dans une observation très-connue. Voici en quoi elle consiste. L’impression de la lumière sur la rétine n’est pas un effet instantané, et de là vient que si l’on fait tourner rapidement dans l’air un charbon ardent, l’œil verra un cercle de feu qui paroîtra fixe pendant tout le temps du mouvement ; car alors l’impression faite, dès le premier instant, sur un point déterminé de l’organe, par la lumière que lance le charbon, persiste jusqu’à ce que le rayon revienne à l’endroit où il étoit, quand cette impression a eu lieu ; et ainsi la sensation se renouvelle sans cesse avant d’avoir été détruite. D’après cette observation, Newton se proposa d’essayer si les différentes couleurs du spectre solaire ne pourroient pas agir sur l’œil, en se succédant avec tant de rapidité, qu’au moment de chaque impression, les traces des impressions précédentes n’étant pas encore effacées, le résultat fût le même que celui d’une sensation unique produite par une couleur blanche permanente[1].

Pour vérifier cette idée, Newton s’étoit pourvu d’un instrument qui avoit la forme d’un peigne composé de seize dents, larges d’environ 40 millimètres, ou un pouce et demi, et écartées l’une de l’autre à peu près de 54

  1. Optice Lucis, lib. I, pars 2, propos. 5, exper. 10.