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DE PHYSIQUE.

par le hasard, donna l’impulsion aux esprits pour se porter vers une carrière où tant de résultats intéressans les attendoient. Un étudiant en médecine, de Bologne, étoit occupé à disséquer une souris vivante, qu’il tenoit d’une main dans une position fixe, lorsque ayant touché un des nerfs avec son scalpel, il ressentit aussitôt une commotion semblable à celle que produit l’électricité[1]. Ce fait, dont le bruit se répandit en Italie, donna lieu à diverses conjectures sur la nature de l’agent dont il dépendoit, et que plusieurs physiciens regardèrent comme étant le fluide nerveux, qu’ils identifioient avec le fluide électrique.

464. Peu de temps après, un nouveau phénomène se présenta, et d’une manière encore inattendue, chez Galvani, professeur d’anatomie dans la même ville. On avoit placé sur une table où se trouvoit une machine électrique, des grenouilles écorchées que l’on destinoit à faire des bouillons. Un élève s’avisa d’approcher la pointe d’un scalpel des nerfs cruraux d’un de ces animaux ; à l’instant tous les muscles de la grenouille éprouvèrent de fortes convulsions. Un autre élève crut avoir remarqué que cet effet avoit eu lieu au moment où l’on tiroit une étincelle du conducteur de la machine. Galvani, qui alors étoit occupé d’un objet différent, ayant été averti de ce qui venoit de se passer, répéta l’expérience, tantôt en faisant de même concourir l’étincelle électrique avec l’application de la pointe du scalpel sur les nerfs de la grenouille, tantôt

  1. Essai sur l’Histoire générale des Sciences, pendant la révol. franç., par J.-B. Biot, p. 19.