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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

infinité de nuances différentes de couleurs, dont chacune est soumise dans sa réfraction à un rapport entre le sinus qui lui est comme inhérent et qui ne souffre aucune altération. Ces rayons, qui diffèrent et par leurs teintes et par les quantités de leurs réfractions, doivent être considérés comme hétérogènes, puisque quand ils rencontrent tous à la fois, sous une même incidence, la surface d’un même milieu réfringent, ils éprouvent de la part de ce milieu différentes attractions qui supposent des diversités dans leur manière d’être. Le mélange de toutes les couleurs forme la lumière que nous appelons blanche, en sorte qu’il suffit de supprimer dans cette lumière quelqu’une des couleurs qui la composent, pour produire une couleur particulière qui variera suivant le nombre et les espèces de celles qu’on laissera subsister ; ainsi, lorsque l’on reçoit sur une lentille les rayons diversement colorés qui divergent au sortir du prisme, et que l’on place un carton blanc au delà de cette lentille, à l’endroit où les rayons qu’elle a rendus convergens se réunissent en un foyer commun, le cercle lumineux qu’ils forment sur le carton est d’une couleur blanche ; les choses étant dans cet état, si l’on place entre la lentille et le prisme un corps opaque qui intercepte une ou plusieurs des couleurs réfractées par le prisme, à l’instant la lumière blanche reçue par le carton fera place à une couleur ou simple, ou mélangée ; par exemple, si l’on intercepte le violet, le bleu et le vert, les autres couleurs, savoir, le jaune, l’orangé et le rouge, formeront une couleur composée qui sera d’un beau jaune : supprimez, au contraire, les trois dernières couleurs, et vous aurez un mélange de