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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

distance entre les diamètres des deux cercles extrêmes, il mesura la distance entre chaque ligne transversale et l’extrémité du prolongement, en commençant par le diamètre du cercle violet, et en allant successivement du violet au rouge, ce qui faisoit en tout huit distances. Or, il trouva que ces distances étoient entre elles dans le rapport des nombres 1, 8/9, 5/6, 3/4, 2/3, 3/5, 9/16, 1/2, et la série de ces nombres avoit cette propriété singulière, qu’elle étoit semblable à celle qui représente les intervalles des sons ut, re, mi bémol, fa, sol, la, si, ut, dont est formée notre échelle musicale, prise dans le mode mineur[1].

Il résulte de ce qui vient d’être dit, que la division de la ligne sur laquelle Newton avoit marqué les limites des sept couleurs principales, étoit la même que dans un monocorde dont les différentes longueurs rendroient les sept sons de la gamme qui appartient au mode mineur. Cette conformité de rapports a fait penser à quelques physiciens qu’il y avoit une analogie réelle entre les sons et les couleurs ; mais c’est plutôt ici une analogie de rencontre, et il y a d’ailleurs de fortes raisons qui s’opposent à la prétention de faire chanter les couleurs.

Newton avoit déterminé précédemment, à l’aide d’une autre expérience, le rapport entre le sinus de

  1. Optice Lucis, lib. I, pars 2a., propos. 3a., probl. 1, exper. 7. Le sixième rapport 9/16 est un peu différent du rapport 8/15 qui lui correspond dans notre gamme (359) ; il donne pour le si un son un peu plus bas que celui de cette gamme.