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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

qui sont les plus réfrangibles, jusqu’aux rouges, qui le sont moins que les autres.

Mais ici, comme dans un grand nombre d’autres phénomènes naturels, la loi de continuité a lieu, c’est-à dire, que la réfraction va en diminuant, par des différences imperceptibles, depuis le violet jusqu’au rouge ; et ainsi, le cône de lumière qui traverse le prisme s’y résoud en une infinité de cônes, dont les axes font entre eux de très-petits angles, d’où il arrive que les bases se recouvrent, en grande partie, dans l’image colorée qui se forme de leur ensemble. La couleur des rayons varie de même par nuances d’un cône à l’autre, de manière que ces nuances peuvent être rapportées à sept espèces principales de couleurs, qui sont le violet, l’indigo, le bleu, le vert, le jaune, l’orangé et le rouge. Newton s’exprime à cet égard dans les termes les plus clairs[1] ; quoiqu’à en juger par l’exposé que la plupart des physiciens ont fait de sa théorie, il semble n’avoir admis dans la lumière que sept couleurs bien tranchées, qui se succèdent entre elles par un passage subit.

687. Le mélange de toutes ces nuances, qui anticipent les unes sur les autres dans l’image colorée produite par la réfraction, rend donc cette image nécessairement très-composée. S’il est possible, par quelque moyen, de diminuer considérablement le diamètre des cercles, le mélange, par une suite nécessaire, deviendra beaucoup moins sensible ; car on conçoit aisément que si

  1. Optice Lucis, lib. I, pars 1a., propos. 2a., exper. 6. Ibid., pars 2a., propos. 2a., theor. 2.