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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

alloient former une image colorée sur un carton placé à la distance convenable[1].

À mesure que Newton faisoit tourner le premier prisme sur son axe, les différentes couleurs de l’image augmentoient successivement d’intensité, en commençant par le violet et en finissant par le rouge ; et voici les conséquences qui résultoient de cette gradation.

Les rayons qui renforçoient chaque couleur ne produisoient cet effet qu’en se dérobant à la réfraction qui avoit lieu à la sortie du premier prisme, et en se mêlant aux rayons réfléchis qui alloient se rendre au second prisme ; et le moment où le ton de couleur parvenoit à son plus haut degré, étoit celui où la réfraction des rayons qui appartenoient à cette même couleur, se changeoit en réflexion totale (647)[2]. On voit par là que la lumière réfléchie sur la base intérieure du prisme s’associoit, l’un après l’autre, des rayons additionnels relatifs aux différentes couleurs, en allant du violet au rouge, c’est-à-dire, en commençant par les rayons les plus réfrangibles, et en finissant par ceux qui l’étoient le moins. Ainsi, dans cette expérience, la lumière réfléchie se composoit graduellement de rayons diversement réfrangibles. Or, cette lumière ne différoit en aucune manière de celle des rayons incidens qui

  1. Optice Lucis, lib. I, pars 1a., exper. 9.
  2. Il est évident que l’inclinaison du prisme requise pour la réflexion totale des rayons de chaque couleur, varioit suivant la diversité des couleurs, en sorte qu’à chaque degré d’inclinaison répondoit un maximum d’intensité relatif à une couleur particulière.