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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

Des Couleurs considérées dans la Lumière.

Tant que l’on a regardé la lumière comme homogène, et ses rayons comme indifférens par eux-mêmes par rapport à telle ou telle couleur, on a attribué la différence des couleurs à celle des mouvemens que les molécules des corps imprimoient aux rayons réfléchis sur leur surface, ou réfractés dans leur intérieur. Quelques physiciens, assimilent les couleurs aux sons, les faisoient consister dans la fréquence plus ou moins grande des vibrations de la matière subtile qui leur servoit comme de véhicule.

672. Cependant, Grimaldi avoit remarqué qu’un rayon solaire se dilatoit en passant à travers le prisme ; mais il regardoit cette dilatation comme l’effet d’une cause accidentelle, qui agissoit de la même manière sur tous les rayons : ainsi, après avoir fait une observation importante, il passa à côté du but, et céda le prisme à Newton.

Cet instrument, manié par une main si habile, et suivi dans tous ses résultats par l’œil du génie, a servi à dévoiler enfin la vraie théorie des couleurs. Newton a développé lui-même cette théorie dans son Traité d’Optique, où le physicien paroît avec tant de dignité à côté du géomètre, déjà immortel par la théorie de l’attraction, et où l’on admire partout ce choix heureux d’expériences décisives, cet art de les placer dans l’ordre où elles s’éclairent mutuellement, et cette justesse de raisonnement qui ne présente, dans les conséquences que la traduction fidèle du langage des faits.