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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

669. Or, la grande puissance réfractive du diamant plaçoit cette substance parmi les corps onctueux et sulfureux ; et dans la table où Newton avoit présenté la série des rapports entre les puissances réfractives et les densités, le diamant se trouve à la suite de l’huile de térébenthine et du succin.

Newton avoit conclu de ce résultat, que le diamant étoit probablement une substance onctueuse coagulée, expression qui, dans le sens que Newton lui-même y attachoit, est un synonyme d’inflammable.

670. Ce grand géomètre va plus loin ; il remarque que l’eau a une puissance réfractive moyenne entre celle des corps des deux classes, et que vraisemblablement elle participe de la nature des uns et des autres, car elle fournit à l’accroissement des plantes et des animaux, qui sont composés en même temps et de parties sulfureuses, grasses et inflammables, et de parties terrestres, sèches et alkalisées.

Ainsi, Newton avoit presque lu dans les résultats de la réfraction que le diamant est un corps combustible, et que l’eau renferme un principe inflammable. En énonçant ces aperçus, il s’exprime dans le langage de la chimie de son temps, et c’est une raison de plus pour admirer comment son génie, placé dans un si grand éloignement, a été aborder de si près, et par une route en apparence si détournée, des vérités importantes que l’état des connoissances humaines, à cette époque, sembloit devoir rendre inaccessibles.