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DE PHYSIQUE.

petites distances. Grimaldi avoit observé que, si l’on faisoit passer un rayon de lumière par un très-petit trou dans une chambre obscure, les ombres des corps exposés à cette lumière étoient plus larges qu’elles n’auroient dû l’être, si les rayons avoient été raser les extrémités de ces corps.

664. Newton répéta cette expérience avec un cheveu dont l’ombre se projetoit sur un plan, qu’il plaça successivement à différentes distances du cheveu, et il observa qu’à une distance de quatre lignes, la largeur de l’ombre étoit quadruple de celle du cheveu, qu’elle devenoit dix fois plus grande à une distance de deux pieds, et trente-cinq fois plus grande à une distance de dix pieds.

Mais comme plusieurs physiciens avoient attribué cette augmentation de l’ombre à la réfraction de l’air voisin du cheveu, Newton, pour reconnoître si cette explication étoit la véritable, enduisit d’eau une plaque de verre, sur laquelle il étendit le cheveu, et qu’il recouvrit ensuite d’une autre plaque semblable, de manière que le cheveu étoit plongé dans l’eau qui remplissoit l’intervalle entre les deux verres, et il trouva que l’ombre du cheveu, à distance égale, avoit encore la même largeur[1].

Cette expérience faisoit voir que la lumière parvenue à une petite distance du cheveu, évitoit de le raser, en se repliant de part et d’autre ; et cet effet ne pouvoit être

  1. Si la réfraction avoit été la cause de l’effet dont il s’agit, l’eau ayant un pouvoir réfractif beaucoup plus considérable que l’air, cette différence auroit dû en apporter une sensible dans la largeur de l’ombre du cheveu.