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DE PHYSIQUE.

en infléchissant son mouvement par degrés, et comment elle se réfléchissoit dans d’autres circonstances, en cherchant à s’écarter des espaces où la matière subtile étoit plus dense, pour se porter vers ceux où elle étoit plus rare[1].

662. Au reste, il n’est pas surprenant de voir ici Newton se donner cette espèce de liberté de conjecturer. Il ne propose ses opinions que comme de simples doutes, dans ses questions d’optique, où il semble faire l’histoire des pensées qui se sont présentées successivement à son esprit dans ses profondes méditations sur la nature, comme pour inviter les philosophes qui le liront à les discuter et à les éclaircir.

Il résulte du moins de leur ensemble, que la réflexion et la réfraction de la lumière sont produites très-vraisemblablement par des forces particulières, du genre de celles qui s’exercent de molécule à molécule, et qu’en se bornant aux effets, tels qu’ils se présentent à nous, on peut employer les mots d’attraction et de répulsion pour désigner ces mêmes forces, comme en chimie on se sert du mot affinité pour exprimer la tendance qui sollicite les unes vers les autres les molécules constituantes des corps. C’est une nouvelle classe de phénomènes infiniment variés qui rentre dans le domaine des forces dont il s’agit, et ce domaine est déjà si étendu, d’après tout ce que nous avons dit dans les articles précédens, que tout ce qui tend à en reculer les limites contribue par cela seul à la perfection de la physique,

  1. Optice Lucis, lib. III, quæst. 18a.