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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

degré de vraisemblance, par les détails dans lesquels nous allons entrer sur la théorie de la réfraction. On a tenté de ramener aussi cette inflexion de la lumière aux lois de la mécanique, en la faisant dépendre de la résistance plus ou moins grande des milieux qu’elle pénétroit. Mais ici la théorie paroissoit être en opposition avec ces mêmes lois ; car on démontre qu’un corps qui passe, par exemple, de l’air dans l’eau sous une direction oblique à la surface de ce liquide, s’y réfracte en s’écartant de la perpendiculaire, et cela en conséquence de ce que le second milieu est plus résistant que le premier. La lumière, au contraire, en passant de l’air dans l’eau, se rapproche de la perpendiculaire, d’où il paroît s’ensuivre que les milieux plus denses résistent moins au mouvement de la lumière que ceux qui sont plus rares. Comme on ne pouvoit attribuer cette moindre résistance à la nature même du milieu, on a imaginé que la réfraction se faisoit par l’intermède d’un fluide subtile qui occupoit les pores du milieu, et qui étant d’autant plus pur et plus dégagé de tout mélange avec les fluides plus grossiers, que les pores étoient plus petits, devenoit par là même moins résistant dans les milieux plus denses.

Newton a proposé une manière beaucoup plus heureuse d’expliquer la réfraction, à l’aide de l’attraction dans les petites distances ; voici en quoi consiste cette explication.

656. Soit sy (fig. 91) un rayon de lumière qui pénètre l’air suivant une direction oblique à la surface du milieu ABCD, que nous supposerons plus dense que l’air. Ayant prolongé CB jusqu’à ce que Br soit égale