Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 2.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

qui change tout d’un coup l’éclat d’un jour serein en une nuit profonde.

617. Les difficultés qu’on oppose à l’hypothèse Newtonienne n’ont pas, à beaucoup près, la même force. On a objecté que les rayons de la lumière, qui nous sont envoyés par les astres sous une infinité de directions différentes, se feroient obstacle les uns aux autres, et ne pourroient continuer leur mouvement rectiligne. Mais on peut supposer que les molécules de la lumière étant d’une ténuité extrême, comme tout nous porte à le croire, leurs distances respectives sont incomparablement plus grandes que leurs diamètres ; et comme les molécules d’un rayon trouvent un passage d’autant plus libre entre celles des autres rayons, ou sont d’autant moins exposées à les rencontrer, que le rapport entre les distances et les diamètres est plus considérable, l’obstacle deviendra sensiblement nul, si l’on conçoit que le rapport soit presqu’infini[1].

Par une suite nécessaire, la quantité de lumière fournie par les astres, même pendant une durée immense, sera si petite que leur volume n’en sera pas sensiblement diminué.

Les partisans de l’autre hypothèse n’ont point à résoudre ces difficultés, parce qu’il en est des vibrations de la lumière, dans cette hypothèse, comme de celles de l’air, et ainsi on peut leur appliquer ce que nous avons dit de la propagation des sons simultanés, qui se croisent sans se confondre : mais l’avantage qu’elle

  1. Smith, Traité d’optique, traduct. franç. ; 1767, p. 721.