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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

tandis que près de nous des milliers d’êtres organiques échappent de même à nos yeux par leur extrême petitesse. La lumière, en se repliant dans les corps diaphanes terminés par des faces curvilignes, nous a mis à portée d’apercevoir ces deux espèces d’infinis ; elle a ouvert un nouveau ciel à l’astronomie, et un nouveau champ à l’histoire naturelle.

613. On a cet avantage dans la théorie de la lumière, que la marche de ce fluide est géométrique, en sorte qu’en partant d’un petit nombre de lois, on parvient à déterminer les résultats par des méthodes précises et rigoureuses. On sait que le célèbre Saunderson, quoi qu’aveugle depuis sa première enfance, donnoit des leçons publiques d’optique ; il considéroit les rayons de la lumière comme de simples lignes matérielles, qui agissoient sur l’œil par contact, et en voyant ces lignes par la pensée, il faisoit concevoir aux autres comment leurs yeux voyoient les objets mêmes dont elles excitoient en eux l’impression.

614. On peut considérer la lumière, dans l’état de composition qui lui est naturel, et sous lequel on la voit d’une blancheur éclatante, ou comme étant décomposée en différentes espèces de rayons diversement colorés. Les propriétés relatives au premier état conduisent à déterminer ce qu’on peut appeller les routes de la lumière. Ce fluide tend toujours par lui-même à se mouvoir en ligne droite. Mais il arrive souvent qu’il rencontre un obstacle qui lui refuse le passage, et lui permet seulement de se réfléchir sur sa surface, ou bien un milieu, c’est-à-dire, un corps transparent, qu’il pénètre en éprouvant une déviation, à laquelle on a donné le