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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

aimant, même d’une force médiocre, qui regarde le vase par un de ses pôles, l’action de cet aimant produira deux effets : d’abord l’aiguille se dirigera de manière que si c’est le pôle boréal de l’aimant qui se trouve le plus près du vase, elle tournera son pôle austral vers cet aimant ; et toutes les fois qu’on l’aura dérangée de cette position, elle y reviendra dès qu’on l’abandonnera à elle-même. En même temps elle s’avancera jusqu’au bord du vase, pour se rapprocher de l’aimant le plus qu’il sera possible. Or, si l’on répète cette expérience, par exemple, vers le Nord, en laissant agir le globe seul sur l’aiguille, il sera, par rapport à cette aiguille, dans le cas d’un aimant dont le pôle boréal exerceroit sur elle une action plus forte que celle du pôle austral ; aussi l’aiguille se dirigera-t-elle de manière à regarder le Nord par son pôle austral, et si l’on change sa direction, elle la reprendra spontanément ; mais elle ne fera aucun mouvement vers le Nord, et restera stationnaire sur l’eau à l’endroit où elle aura été placée.

Cette diversité dans les résultats des deux expériences provient de ce que les centres d’action du globe sont, comme nous l’avons dit, à une distance presque infinie de l’aiguille ; d’où il suit que la différence entre les forces qui agissent pour tirer l’aiguille dans deux sens opposés, est sensiblement nulle ; et ainsi la tendance de l’aiguille à se porter vers le Nord, qui dépend de cette différence, doit pareillement se réduire à zéro. Or, la même chose n’a pas lieu lorsqu’on se sert d’un aimant qui agit sur les deux pôles de l’aiguille à des distances respectives comparables entre