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DE PHYSIQUE.

aiguilles situées à différens points de la terre ; et les changemens successifs que subissent les mines, par l’action des diverses causes qui les altèrent, ou les détruisent à tel endroit, tandis qu’ailleurs il s’en produit de nouvelles, font varier à leur tour, avec le temps, la quantité de la déclinaison ou de l’inclinaison, pour chaque lieu particulier.

591. Halley, Æpinus et d’autres physiciens, sans nier l’influence des mines d’aimant sur la direction des aiguilles, l’ont regardée seulement comme une force secondaire, et ont supposé que la force principale provenoit d’un très-gros aimant de figure globuleuse, ou à peu près, qui formoit comme le noyau du globe terrestre. Halley avoit de plus imaginé que ce noyau devoit avoir un mouvement très-lent, par lequel sa position changeoit continuellement à l’égard du globe, ce qui servoit à expliquer, selon ce physicien, les variations que le temps apporte dans l’inclinaison et la déclinaison des aiguilles, relativement à un même lieu.

592. Æpinus n’admet point ce mouvement, qui lui paroît insuffisant et même absolument inutile ; et, pour ramener les phénomènes à l’hypothèse d’un noyau fixe, il observe d’abord que si le fluide étoit distribué uniformément dans ce noyau, en sorte que ses deux centres d’actions ayant des forces égales, fussent situés sur l’axe de la terre à des distances égales du centre, la déclinaison seroit nulle à tous les points du globe, tandis que l’inclinaison, nulle seulement à l’Equateur, croîtroit vers les pôles, suivant une loi qui seroit en relation avec le changement de latitude.