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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

suivent la raison inverse du carré de la distance. À en juger par les apparences, l’action de chaque moitié de l’aimant provient uniquement de la présence d’un seul fluide à l’état de liberté. Mais tout nous conduit à admettre une hypothèse très-heureuse de Coulomb, que nous avons déjà indiquée en parlant de l’électricité (458). Elle consiste à regarder chaque molécule de fer comme étant un petit aimant, qui a son pôle boréal et son pôle austral égaux en force l’un à l’autre. Tous les petits aimants dont un barreau magnétique est l’assemblage sont rangés sur différentes files parallèles à l’axe du barreau, de manière que le pôle boréal de l’un est contigu au pôle austral du suivant, ou réciproquement. Nous allons essayer de faire voir comment cette hypothèse offre l’équivalent de ce qui auroit lieu, si chaque moitié de l’aimant étoit dans un seul état de magnétisme.

561. Concevons d’abord une aiguille infiniment déliée mn (fig. 68), composée d’une infinité de petites aiguilles partielles c, d, e, f, etc., et supposons que cette aiguille ait été mise à l’état de magnétisme par l’action d’un aimant. Dans ce cas, toutes les forces contraires des pôles contigus b, a′ ; b′, a″, etc.[1], seront égales entre elles, en sorte que leurs actions se réduiront à zéro. Quant aux forces des deux pôles extrêmes, savoir, celle du pôle a de l’aiguille c, et celle du pôle b de l’aiguille r, qui seules sont en activité, à cause de leur isolement, comme les quantités de fluide dont elles dépendent ne résident que dans deux points, elles sont

  1. La lettre b indique ici, comme à l’ordinaire, le pôle boréal, et la lettre a le pôle austral.