Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 2.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

solutions heureuses qu’ils en fournissent. Nous avons déjà eu occasion de citer plusieurs de ces solutions, et ce qui va suivre nous en offrira de nouveaux exemples qui ne sont pas moins remarquables.

557. On dispose verticalement, à une distance de quelques centimètres, deux barreaux de fer aimanté, dont les pôles opposés sont tournés du même côté : on recouvre ensuite les extrémités supérieures avec une planche mince ou une feuille de papier parsemée de limaille de fer ; à l’instant les parcelles de cette limaille s’arrangent de manière à former une multitude de courbes plus ou moins évasées, qui se croisent toutes dans les points situés immédiatement au-dessus des extrémités supérieures des deux aimants. La figure 62 peut donner une idée de cet assemblage de courbes.

Les physiciens ont regardé ce phénomène comme une preuve évidente de l’action des tourbillons magnétiques. Les autres expériences ne donnoient matière qu’à des conjectures sur l’existence de ces tourbillons : dans celle-ci on les voyoit se peindre eux-mêmes.

Nous allons analyser le phénomène, pour en mieux faire saisir la véritable explication d’après les principes de notre théorie. Soit CG (fig. 63, Pl. X) un aimant qui ait son centre d’action boréale en B, et son centre d’action australe en A. Concevons que l’on suspende librement une aiguille de fer extrêmement courte, vers un point N plus voisin de B que de A : cette aiguille, que nous supposons avoir été jusque-là dans l’état naturel, deviendra elle-même un aimant ; et parce que l’on peut regarder alors l’aimant CG comme sollicité par une seule force, en vertu d’une certaine quantité B′ de fluide