Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

pour arriver à terre. La boule de cire, la seule qui fut sensiblement en retard, n’étoit plus qu’à quatre pouces de terre à la fin de la chute des autres corps. Galilée, considérant que cette différence étoit bien éloignée d’être proportionnelle à celle des poids, en conclut qu’elle dépendoit uniquement de la résistance de l’air. Cette conjecture a été vérifiée depuis par des expériences directes, qui consistent à faire tomber du haut d’un tube, sous lequel on a fait le vide le plus parfait possible, des corps de différentes masses, tels que du plomb, du fer, du bois, du liége, de la plume, de la laine, etc., et l’on a observé que tous ces corps ne laissoient apercevoir aucune différence sensible dans la durée de leur chute. Quant aux corps qui s’élèvent en l’air, tels que la fumée, on sait que leur ascension est due à ce qu’ils se trouvent spécifiquement plus légers que l’air : ils sont, à l’égard de ce fluide, ce qu’est à l’égard de l’eau, un morceau de liége, qui, plongé dans cette eau à une certaine profondeur, et abandonné ensuite à lui-même, remonte à la surface. Le vulgaire regarde comme étant sans pesanteur tout ce qui s’élève, au lieu de tomber : ce qui a fait dire à Newton, que les poids du vulgaire étoient les excès des poids absolus des corps, sur le poids de l’air. L’ascension des ballons aérostatiques au milieu de l’air est bien faite pour désabuser les partisans de cette théorie des corps sans pesanteur.

De