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DE PHYSIQUE.

son mouvement. On en a conclu que la persévérance d’un corps, dans son état de repos ou de mouvement uniforme, étoit elle-même l’effet d’une force réelle qui résidoit dans ce corps ; et l’on a envisagé cette force tantôt comme une résistance, en ce qu’elle s’opposoit à l’action de l’autre force pour changer l’état de ce corps, tantôt comme un effort, en ce qu’elle tendoit à apporter du changement dans l’état de l’autre force.

25. Le célèbre Laplace a proposé une manière plus nette et plus naturelle d’envisager l’inertie. Pour concevoir en quoi elle consiste, supposons un corps en mouvement qui rencontre un corps en repos : il lui communiquera une partie de son mouvement ; en sorte que si le premier a, par exemple, une masse double de celle du second, auquel cas sa masse sera les deux tiers de la somme des masses, la vîtesse qu’il conservera sera aussi les deux tiers de celle qu’il avoit d’abord ; et comme l’autre tiers qu’il a cédé au second corps se trouve répandu sur une masse une fois plus petite, les deux corps auront après le choc la même vîtesse. L’effet de l’inertie se réduit donc à la communication que l’un des deux corps fait à l’autre d’une partie de son mouvement ; et parce que ce dernier ne peut recevoir sans que le premier ne perde, on a attribué cette perte à une résistance exercée par le corps qui reçoit. Mais il en est ici à peu près du mouvement comme d’un fluide élastique contenu dans un vase, avec lequel on mettroit en communication un autre vase qui seroit vide ; ce fluide s’introduiroit par sa force expansive dans le second vase, jusqu’à ce qu’il se trouvât distribué uniformément dans les capacités des deux vases : de même

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