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DE PHYSIQUE.

15. Les procédés des arts peuvent nous donner une idée d’autant plus juste de la même propriété, qu’ici les résultats sont susceptibles d’être soumis au calcul. Suivant l’observation de Boyle, le poids d’un grain d’or, ou d’environ 53 milligrammes, réduit en feuilles, peut couvrir une surface de cinquante pouces carrés, dont chacun aura par conséquent à peu près 27 millimètres de côté : or, on peut concevoir le millimètre divisé en 8 parties visibles, ce qui donne 46 656 petits carrés visibles dans une feuille d’or carrée de 27 millimètres de côté ; et comme le nombre de ces feuilles est de 50, on en conclura qu’une petite masse d’or du poids de 53 milligrammes peut être divisée en plus de deux millions de parties sensibles, j’entends à la vue simple ; car au moyen du microscope, chaque partie redeviendroit une feuille d’or, où l’œil et le calcul trouveroient encore de quoi s’exercer.

La division va beaucoup plus loin dans le travail du tireur d’or. On prend une certaine quantité de feuilles de ce métal, dont le poids peut ne pas excéder celui de 3 décagrammes ou d’environ une once, et l’on en couvre un cylindre d’argent. On fait passer ensuite ce cylindre par différentes filières, et lorsqu’on l’a réduit en un fil aussi délié qu’un cheveu, recouvert dans tous ses points d’une couche d’or extrêmement mince, on l’aplatit entre deux rouleaux d’acier. Dans cet état, il forme une lame, dont la longueur est à peu près égale à 444 mille mètres, qui répondent à 111 lieues de 2 000 toises chacune. Mais cette lame étant revêtue d’une couche d’or sur chacune de ses faces, on peut considérer les deux couches comme deux lames d’or d’une