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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

unes des autres, dont la finesse étonne notre imagination. Nous pouvons d’abord citer en preuve les matières colorantes, et en particulier le carmin, qui est une espèce de poudre que l’on retire de l’insecte nommé communément cochenille. On délaye une petite quantité de cette poudre, du poids de 5 centigrammes (un peu moins d’un grain), au fond d’un vase, dans lequel on verse ensuite 15 kilogrammes ou environ 30 livres d’eau. La couleur s’étend de manière qu’elle devient sensible dans tout le volume de l’eau. Le poids de cette eau étant trois cent mille fois plus grand que celui des cinq centigrammes de carmin, si l’on suppose que chaque centigramme contienne seulement deux molécules de principe colorant, on aura trois millions de parties visibles dans cinq centigrammes de carmin.

Les impressions qui se font sur l’odorat, ne sont pas moins propres que celles qui affectent la vue à nous faire juger de l’extrême division à laquelle se prête la matière. Il est des corps dont le poids est à peine sensiblement altéré après un long intervalle de temps, pendant lequel tous ceux qui se trouvent à une certaine distance ne cessent de ressentir l’action des particules odoriférantes émanées de la substance de ces corps.

On retire d’une poche renfermée dans le corps de certains animaux une substance, à laquelle on a donné le nom de musc, et dont un seul grain répand une forte odeur, pendant un certain nombre d’années, dans un appartement où l’air est souvent renouvelé. Le simple frottement d’un papier qui a servi à envelopper un morceau de la même substance, suffit pour rendre un habit odorant pendant plusieurs jours.