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DE PHYSIQUE.

2. De l’Impénétrabilité.


12. On entend par impénétrabilité, la faculté qu’a un corps d’exclure tout autre corps du lieu qu’il occupe ; de manière que deux corps mis en contact, ne peuvent jamais occuper moins d’espace que celui qu’ils remplissoient lorsqu’ils étoient séparés. L’impénétrabilité des corps solides n’a pas besoin d’être prouvée ; elle saute, pour ainsi dire, aux yeux ; mais les fluides ayant leurs molécules parfaitement mobiles en tout sens, et qui cèdent à la plus légère pression, leur impénétrabilité ne se manifeste pas d’une manière aussi sensible que celle des corps solides. Prenons l’air pour exemple : tant que ce fluide n’est pas renfermé, son extrême mobilité fait qu’il livre un libre passage à tous les corps qui se meuvent au milieu de lui ; mais dans ce cas il est proprement remplacé et non pas pénétré : car si on le contient par les parois d’un vase, et qu’alors un autre corps se présente pour prendre sa place, sans lui permettre de sortir, il exerce son impénétrabilité à la manière des corps solides. C’est ce dont on se convaincra aisément à l’aide d’une expérience fort simple, et que chacun peut faire. Elle consiste à plonger un vase verticalement, l’orifice en bas, dans un autre vase rempli d’eau jusqu’à une certaine hauteur. La surface de l’eau, qui répond à l’orifice du premier vase, s’abaisse à mesure que ce vase descend lui-même ; et l’on peut rendre cet abaissement plus sensible, au moyen d’une petite lame de liége que l’on fait flotter sur la surface de l’eau. Cependant cette eau n’est pas entièrement exclue par