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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

férence, que les fluides s’y meuvent librement, et que l’obstacle qui empêche l’un d’eux de passer dans le plateau collecteur, est une substance idio-électrique intermédiaire.

De l’Électricité naturelle.

444. L’analogie entre le fluide électrique et la matière du tonnerre avoit déjà été soupçonnée par différens physiciens, lorsque Francklin, après avoir reconnu le pouvoir des pointes, dont nous avons parlé précédemment (415), proposa d’élever en l’air une verge de fer terminée en pointe aiguë, et de s’en servir pour vérifier cette même analogie. Dalibard fut un des premiers qui mit l’idée de Francklin en exécution. Il fit construire auprès de Marly-la-Ville une cabane, au-dessus de laquelle étoit fixée une barre de fer de 13 mètres, ou 40 pieds, de longueur, isolée par le bas. Un nuage orageux ayant passé dans le voisinage de cette barre, elle donna des étincelles à l’approche du doigt, et l’on reconnut les effets des conducteurs ordinaires que nous électrisons à l’aide de nos machines.

445. Romas, qui cultivoit à Lille la physique, poussa depuis la hardiesse au point d’envoyer vers le nuage même, un cerf-volant armé d’une barre qui se terminoit en pointe. La corde du cerf volant étoit entrelacée avec un fil de métal, jusqu’à une certaine distance de son point d’attache, et le reste étoit un cordon de soie destiné à tenir l’appareil isolé et à préserver l’observateur de l’explosion. On vit sortir de cet appareil des jets spontanés de lumière de 32 décimètres, ou dix pieds, de