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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

sorte qu’ils subissent d’avance l’effet qui n’auroit eu lieu qu’au contact.

413. Nous observerons ici que la répulsion des corps que l’on regardoit comme étant électrisés négativement, a toujours été l’écueil des théories. Il falloit tâcher de concevoir comment ces corps, dont chacun avoit perdu une partie de son fluide, étoient déterminés à s’écarter l’un de l’autre, tandis qu’une surabondance de fluide produisoit précisément le même effet. La plupart des physiciens qui ont tenté de résoudre cette difficulté, ont eu recours à l’action de l’air environnant, qu’ils expliquoient par différens mécanismes que nous ne nous arrêterons point à exposer.

Cependant il y avoit tout lieu de penser que quand, par exemple, on avoit électrisé, d’une part, deux morceaux de résine, et de l’autre, deux corps vitreux, à l’aide du frottement, la répulsion mutuelle des premiers et celle des seconds étoient des effets, en quelque sorte, parallèles, dont il falloit chercher les causes dans les corps eux-mêmes.

414. Ceci nous conduit à une considération qui achevera de motiver l’hypothèse dans laquelle le fluide électrique seroit composé de deux fluides différens. Tant que l’on s’est borné à employer, relativement à l’électricité, ces méthodes qui ne donnent que des à peu près, et laissent au physicien la liberté d’accommoder à sa manière de voir ce qui se passe dans les phénomènes, on croyoit satisfaire à tout avec un seul fluide. Mais pour bien juger ces méthodes, il faut se reporter au temps où le célèbre Æpinus entreprit de ramener la théorie à la précision et à la justesse, et de la mettre en