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DE PHYSIQUE.

semble mieux lié de toutes les observations déjà connues ; lui-même découvrit plusieurs faits dignes d’attention, et il mérita ainsi doublement de la science, comme géomètre et comme physicien. Il la servoit encore d’une autre manière, en préparant la voie à Coulomb, qui, après être parti du point où Æpinus s’étoit arrêté, a franchi seul une carrière toute nouvelle. Muni d’un appareil dont l’invention lui est due, et qui réunit au mérite de la simplicité, celui d’une précision jusqu’alors inconnue, il a déterminé, par des expériences décisives, la loi suivant laquelle varient les attractions et répulsions électriques, à raison de la distance ; et cette loi s’est trouvée la même que celle de la gravitation universelle, découverte par Newton dans les espaces célestes. La théorie, établie ainsi sur une base solide, a été appliquée, par le même physicien, à la manière dont le fluide électrique se partage entre différens corps, et à d’autres effets qui n’avoient été qu’entrevus.

379. Tel étoit l’état de nos connoissances relativement à l’électricité, lorsque les expériences de Galvani appelèrent l’attention de toute l’Europe savante, sur des phénomènes très-remarquables par leur liaison intime avec les mouvemens de l’économie animale, et qui bientôt inspirèrent un surcroît d’intérêt par leurs rapports avec un des plus beaux résultats de la chimie moderne. La théorie avoit besoin d’être agrandie, pour s’étendre à l’explication de ces nouveaux phénomènes ; et il étoit réservé au célèbre Volta de reculer ici les limites de la science, par la découverte d’un principe qui avoit échappé à la sagacité des physiciens.