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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

tion, en raccourci, des explosions de la foudre ; et, pour vérifier cette étonnante analogie, Francklin trouva, dans le pouvoir des pointes, le secret, non moins étonnant, de dérober la foudre elle-même au nuage qui la renfermoit dans son sein, et de l’offrir à l’observation, sous la forme et avec tous les caractères du fluide mis en action par nos machines.

378. À mesure que les faits se multiplioient, on cherchoit à en donner des explications et à en saisir la dépendance mutuelle. Dufay avoit reconnu deux électricités différentes ; l’une qu’il appeloit vitrée, parce qu’elle étoit produite par le frottement du verre ; l’autre qu’il nommoit résineuse, parce qu’on l’excitoit en frottant la résine et les autres substances analogues. Il remarqua que les substances animées de chaque espèce d’électricité se repoussoient, et attiroient celles qui possédoient l’autre espèce d’électricité. Cette idée, qui a été depuis reproduite par Symmer, et ramenée à l’hypothèse de deux fluides co-existans dans un même corps, étoit, pour ainsi dire, la clef de la véritable théorie. Francklin, en présentant les actions électriques sous un point de vue différent, par sa doctrine de l’électricité positive et négative, en fit une application très heureuse à l’expérience de la bouteille de Leyde, dont il ramena la décharge à un simple rétablissement d’équilibre. Cette manière mécanique de concevoir un fait, qui tenoit alors le premier rang parmi les merveilles de l’électricité, attira une foule de partisans au philosophe de Philadelphie. Æpinus, l’un des plus distingués d’entre eux, en appliquant le calcul à sa doctrine, la rendit plus rigoureuse, et forma un en-