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DE PHYSIQUE.

soit la force du souffle qui met l’air en vibration, pourvu que l’ouverture des lèvres soit aussi la même.

372. Si l’on suppose deux sons à l’octave l’un de l’autre, qui se fassent entendre successivement ou à la fois, les concamérations relatives au son aigu seront une fois plus courtes que celles qui répondent au son grave ; il y en aura donc une fois plus dans un espace donné. Mais les oscillations de l’air s’y acheveront dans un temps une fois plus court, d’où il suit qu’elles emploîront le même espace de temps pour se propager à la même distance ; et ainsi le degré du son n’influe pas sur sa vîtesse, ce qui s’accorde de même avec l’observation.

373. Voilà pour ce qui regarde les sons solitaires. Mais lorsque plusieurs corps vibrent en même temps ; lorsque dans un concert, par exemple, plusieurs instrumens et plusieurs voix rendent à la fois des sons de divers degrés, comment arrive-t-il que les différentes vibrations qui en résultent, se rencontrent en passant à travers l’air, sans se détruire ou se dérouter par leur choc mutuel, et que chacune d’elles continue ensuite son trajet vers l’oreille, comme si elle eut trouvé le passage libre ?

Les physiciens modernes ont essayé de résoudre cette difficulté, en adoptant l’idée de Mairan, qui supposoit l’air formé de particules d’une infinité de grosseurs différentes, dont chacune n’étoit capable que de recevoir et de transmettre les vibrations relatives à un ton particulier. Ainsi, lorsque plusieurs sons concouroient dans une même harmonie, ou de toute autre manière, chacun d’eux ne s’adressoit qu’aux particules qui étoient à son unisson, et exerçoit sur elles une action in-

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