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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

le musicien, un moyen d’ajouter à l’expression du sentiment qu’il cherche à peindre.

364. Il nous reste à établir la théorie des différens phénomènes que présente l’expérience, relativement à la propagation du son, et à expliquer comment le son conserve une vîtesse uniforme, depuis le corps sonore jusqu’à l’organe, quoiqu’il perde continuellement de sa force ; comment les sons aigus et les sons graves, les sons forts et les sons foibles ont la même vîtesse dans leur course ; comment enfin différens sons simultanés se croisent dans l’air sans se confondre, et apportent à l’oreille leur harmonie dans toute sa netteté.

Cette théorie se déduit de la manière dont le son se forme dans les instrumens à vent, et nous l’avons tirée d’un excellent Mémoire, où Daniel Bernoulli l’a développée et soumise au calcul. Nous allons essayer de rendre le plus clairement possible les idées de ce célèbre géomètre.

Concevons d’abord un tuyau cylindrique bouché par un bout, et que l’on fasse résonner en soufflant par l’orifice ouvert. L’air renfermé dans ce tuyau se mettra en vibration, de manière que chacune des couches infiniment minces qui composent la colonne de ce fluide s’approchera et s’éloignera tour à tour du fond, en allant et en revenant de part et d’autre de la position qu’elle avoit dans l’état de repos, par de petits mouvemens d’oscillation semblables à ceux d’un pendule simple. Les oscillations iront en croissant d’une couche à l’autre, depuis le fond où elles seront nulles, jusqu’à l’ouverture où se trouveront les plus grandes. Celles de chaque couche seront isochrones, et celles des diffé-