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DE PHYSIQUE.

d’une tierce et d’une quinte, et tellement liés entre eux, que le son fondamental de chacun est la quinte au grave ou à l’aigu de celui d’un autre ; en sorte qu’en partant du fa pris en dessous de l’ut fondamental de la gamme, on a cette suite, fa, la, ut, mi, sol, si, re, qui forme un enchaînement de tierces et de quintes. Ainsi, notre gamme est limitée aux combinaisons que donnent les sons représentés par les cinq premiers nombres naturels ; tous les autres se trouvent exclus, sur quoi Léibnitz disoit assez plaisamment, que l’oreille ne comptoit que jusqu’à cinq.

360. D’une autre part, quelques savans ont pensé qu’il y avoit une autre gamme préférable à la précédente, et dont l’adoption éleveroit la musique à son vrai point de perfection. Voici l’observation sur laquelle ils se fondent.

Si dans la série des harmoniques donnés par les différentes cordes qui résonnent à côté d’une première corde que l’on a mise en vibration, on prend ceux qui répondent aux fractions 1/8, 1/9, 1/10, 1/11, etc., jusqu’à 1/16 inclusivement ; on aura une suite de sons semblable à la gamme ordinaire, excepté que le fa et le la seront un peu plus haut que dans cette gamme ; de plus, l’harmonique 1/13 donnera un son surnuméraire entre le sol et le la.

Les savans dont il s’agit, ont pensé que la véritable gamme devoit être cette dernière, parce qu’elle étoit donnée immédiatement par la nature, et que si l’oreille paroissoit blessée par l’intonation des sons fa et la, lorsque cette gamme étoit rendue par un instrument propre à cet effet, tel que le cor de chasse, c’étoit la