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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

tendre son unisson, ou même lorsqu’elle rend un son qui est à celui que le même corps rendroit par la percussion, comme le son générateur est à l’octave de sa quinte, ou à la double octave de sa tierce. Ces différens effets sont très-sensibles, lorsqu’on rend un son avec la voix, en présentant la bouche à l’ouverture d’un verre ordinaire. La résonnance la plus marquée est celle de l’unisson, et l’on cite des chanteurs, doués d’une voix juste et en même temps très-forte, qui, en prenant ainsi l’unisson d’un verre, parvenoient à le casser. Le changement de figure qu’éprouvent, dans ce cas, les différens anneaux qui composent le verre, est si considérable, que les parties n’ayant pas la flexibilité nécessaire pour s’y prêter assez promptement, se séparent à différens endroits, comme dans le cas où le verre auroit subi une forte percussion.

357. Tout ce que nous venons de dire nous conduit à parler d’une autre expérience, connue sous le nom d’expérience de Tartini ; elle consiste à faire entendre à la fois deux sons forts, justes et soutenus ; il résulte de leurs concours un troisième son plus foible, et qui est tel, selon ce célèbre musicien, que si l’on représente le rapport entre les deux premiers sons par les nombres les plus simples, le son produit sera représenté par 2. Si les deux sons dont il s’agit ont, par exemple, pour expressions les nombres 8 et 9, auquel cas leur accord donnera une dissonance semblable à celle qui résulte des sons ut, re, le son produit étant 2, répondra à la double octave en dessous de l’ut de la dissonance.

En général, il ne faudra que transporter à l’octave l’un des sons de l’accord, ou tous les deux, pour qu’ils