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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

Des Sons comparés.

352. Après avoir considéré le son dans ses effets les plus généraux, tels que le mouvement de vibration du corps qui le fait naître, ou de l’air qui le propage, la vîtesse avec laquelle il parcourt cet air, sa reproduction à la rencontre des corps qui le réfléchissent ; nous avons à traiter maintenant des rapports entre les sons, comparés d’après les nombres de vibrations que font, dans le même temps, différens corps sonores. Les observations qui déterminent ces rapports, sont du ressort de la physique, et l’art du musicien consiste à les employer de la manière la plus propre à flatter l’oreille, soit par la succession bien ordonnée des sons simples, d’où dépend la mélodie, soit par l’heureuse combinaison des sons simultanés, dans laquelle consiste l’harmonie. Le physicien n’envisage que ce qu’on pourroit appeler la musique de l’esprit ; c’est à l’artiste qu’appartient la musique du sentiment.

353. Les sons ne se prêtent à la comparaison qu’autant qu’ils sont appréciables. C’est cette qualité du son qui fait que l’oreille en saisit le degré, et que chacun a naturellement la facilité, lorsqu’il entend un de ces sons qui est à la portée de sa voix, d’en former un qui l’imite parfaitement, et qui ne paroît être que le même son rendu par un autre organe.

Cette manière de parler des sons, comme étant placés à différens degrés les uns au-dessus des autres, et de supposer que la voix monte ou descend, n’est qu’un langage figuré qui a été suggéré par les apparences, et auquel la notation de la musique a été assortie.