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DE PHYSIQUE.

348. Le son se propage de tous côtés en ligne droite, lorsqu’aucun obstacle ne l’arrête ; en sorte que l’on peut considérer chaque point du corps sonore, comme étant le sommet commun d’une infinité de cônes très-déliés, et d’une longueur indéfinie. Chacun de ces cônes est ce qu’on appelle un rayon sonore ; au reste, nous n’avons fait qu’ébaucher ici la théorie de la propagation du son, sur laquelle nous reviendrons avec plus de détails, lorsque nous aurons exposé les connoissances qui doivent en fournir le développement.

349. Les corps qui frappent l’air immédiatement, excitent aussi dans ce fluide des vibrations sonores. Ainsi l’air éclate sous le fouet qui l’agite avec violence, et siffle sous l’impulsion d’une baguette ; il devient également capable de résonner, lorsqu’il va lui-même frapper un corps solide avec une certaine vîtesse, comme lorsque le vent souffle contre les édifices, les arbres et autres corps qui se trouvent sur son passage.

350. Le son emploie un certain temps à se répandre dans l’air, et parvient plus tard à l’oreille, lorsqu’on s’éloigne davantage du corps qui le rend. Les physiciens ont cherché à déterminer, par l’expérience, la vîtesse avec laquelle se fait la propagation du son ; et pour y parvenir, ils ont profité de ce que celle de la lumière est, au contraire, sensiblement instantanée, du moins dans les distances auxquelles s’étendent nos mesures. L’explosion du canon étoit propre à donner les résultats cherchés ; il ne s’agissoit que d’estimer le temps qui s’écouloit entre le moment où la lumière indiquoit à l’œil le départ du son et celui où le son lui même avertissoit l’oreille de son arrivée. L’incertitude