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DE PHYSIQUE.

risoient en se dépouillant de leur sel, et après s’être élevées jusqu’aux parois supérieures de la cavité, s’y condensoient par le refroidissement, et ruisseloient à l’origine des fleuves et des rivières. C’étoit une véritable distillation semblable à celle qui s’opère dans les laboratoires des chimistes.

Selon les autres, les eaux de la mer, poussées par l’action du flux, s’introduisoient dans la terre par une multitude de fissures, où elles éprouvoient une filtration qui leur enlevoit leur sel. Ces espèces de canaux, dont les ramifications s’étendoient de toutes parts, les conduisoient ainsi jusqu’aux endroits où elles formoient des sources par leur réunion.

En appréciant ces hypothèses d’après les idées d’une saine physique, on conçoit aisément qu’admettre dans la nature ces alambics et ces filtres, c’étoit lui prêter les moyens de notre art, et vouloir l’astreindre à le copier, elle qui est souvent pour lui un modèle inimitable. On conjectura enfin qu’il ne falloit point chercher aux fontaines une autre origine que celle des pluies elles-mêmes, et voici ce que l’observation et la raison nous dictent également sur cet objet.

331. L’eau s’élève de toutes parts, dans l’atmosphère, par l’évaporation. Celle de la mer dépose son sel, à mesure qu’elle cède à l’attraction de l’air. Une partie des rosées et des pluies qui proviennent de ces eaux, tombe sur les sommets des montagnes : ces sommets paroissent même agir par affinité sur les nuages, et les fixer. On a observé qu’un nuage qui rencontroit un pic sur son passage, s’effaçoit à mesure que ses différentes parties approchoient du contact. Les eaux s’infiltrent