Page:R.-J. Haüy - Traité élémentaire de physique - 1803 - Vol 1.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

que quand une vapeur, telle que la vapeur de l’eau, se mêle, par exemple, à l’air atmosphérique, les molécules de chaque fluide se repoussent mutuellement, sans exercer aucune action sur celles de l’autre fluide. Ainsi, à l’instant même du mélange, l’élasticité de la vapeur décharge l’air d’une partie de la pression qu’il soutenoît. Cet air se dilate donc par l’excès de sa force élastique, jusqu’à ce que la partie qui lui en reste, jointe à l’élasticité de la vapeur, soit en équilibre avec la pression. Dans cet état de choses, les molécules de chaque fluide sont interposées entre celles de l’autre, de manière que si vous supprimez, par la pensée, celles de la vapeur, et que l’air n’ait plus à supporter que la pression P-P′, il ne se fera aucun changement dans la disposition de ses molécules. La même chose aura lieu pour la vapeur, si vous supposez que l’air soit nul. Ce sont deux parties d’un même système qui agissent indépendamment l’une de l’autre, comme feroient de petits ressorts de deux espèces intercalés les uns entre les autres, de manière que ceux de chaque espèce exerçassent leur force séparément. Si quelque molécule d’un des fluides éprouve une résistance de la part des molécules de l’autre, ce ne peut être qu’une résistance, pour ainsi dire, de rencontre, semblable à celle qui a lieu dans le choc des corps solides, et qui ne peut en conséquence exister qu’accidentellement, par une suite du contact.

316. On a opposé à cette doctrine plusieurs objections tirées de la chimie, et personne n’a mieux défendu ici les droits de l’affinité, que Bertholet, dans le bel ouvrage où il a présenté la théorie de cette force d’une manière si