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DE PHYSIQUE.

hauteurs, la rupture d’équilibre qui en résulte a une influence très-marquée sur l’économie animale. On éprouve alors une fatigue extrême, une impuissance absolue de continuer sa marche, un assoupissement auquel on succombe malgré soi : la respiration devient pressée et haletante ; les pulsations du pouls prennent un mouvement accéléré[1]. Pour expliquer ces effets, on a considéré que l’état de bien être, dans tout ce qui dépend de la respiration, exige qu’une quantité d’air déterminée traverse les poumons dans un temps donné. Si donc l’air que nous respirons devient beaucoup plus rare, il faudra que les inspirations soient plus fréquentes à proportion ; ce qui rendra la respiration pénible, et occasionnera les divers symptômes dont nous avons parlé.

À l’égard des inconvéniens qui résulteroient d’un air trop condensé, l’homme n’y est pas exposé par l’action des causes naturelles ; et il paroît qu’en général ils sont moindres que ceux qui ont pour cause la raréfaction de l’air. On ne peut citer ici comme une preuve de la grandeur de ces inconvéniens ce qui arrivoit aux plongeurs, lorsqu’ils étoient renfermés sous une cloche qui descendoit verticalement dans l’eau, et où l’air, pressé par le poids des colonnes environnantes, se contractoit de plus en plus, à mesure que le vase se trouvoit à une plus grande profondeur. Les accidens qui survenoient à l’homme qui avoit séjourné, pendant un certain temps, sous la cloche, provenoient, en grande partie, de l’altération produite dans l’air par la respiration, et ce

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  1. Saussure, Voyage dans les Alpes, Nos. 559 et 2021.