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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

renoncé à la chimère de l’horreur qu’on avoit attribuée à la nature pour le vide, et qu’en convenant que cette horreur n’étoit pas invincible, il n’osoit assurer qu’elle n’eût pas lieu dans quelques circonstances. Le plein succès de l’expérience acheva de le désabuser. Mais cette expérience n’étoit que confirmative de celle de Torricelli, et ajoutoit seulement un rayon de plus au trait de lumière qui en étoit sorti.

250. La pression de l’atmosphère sur une surface donnée, étant à peu près la même qu’exerceroit sur cette surface une colonne d’eau de trente-deux pieds de hauteur, on a calculé, d’après cette donnée, l effet de la pression dont il s’agit, par rapport à un homme de moyenne grandeur, et on a trouvé qu’elle équivaut à un poids de 33 600 livres, environ 16 000 kilogrammes. Voilà le poids dont étoient chargés les anciens philosophes, qui nioient sérieusement la pesanteur de l’air.

Quelque considérable que soit ce poids, sa pression s’exerce, pour ainsi dire, à notre insçu, parce qu’elle est continuellement balancée par la réaction des fluides élastiques renfermés dans les cavités intérieures du corps ; et quoique l’air soit sujet à des variations continuelles, qui augmentent ou diminuent sa densité, par une suite du changement de température et de l’action de diverses causes naturelles, comme ces variations, en général, sont renfermées entre des limites peu étendues, et qu’elles se font successivement et avec lenteur, elles ne nous affectent, pour l’ordinaire, que d’une manière peu sensible. Mais s’il arrive un changement brusque, comme lorsque l’homme s’élève à de grandes