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DE PHYSIQUE.

philosophe, pris au dépourvu, répondit que la nature n’avoit horreur du vide que jusqu’à trente-deux pieds. Torricelli, disciple de Galilée, ayant médité sur le phénomène, conjectura que l’eau s’élevoit dans les pompes par la pression de l’air extérieur, et que cette pression n’avoit que le degré de force nécessaire pour contrebalancer le poids d’une colonne d’eau de trente-deux pieds.

Il vérifia cette conjecture par une expérience, dont la physique lui a doublement obligation, parce qu’en servant à mettre en évidence une découverte importante, elle nous a procuré le baromètre. Torricelli vit le mercure s’arrêter à 28 pouces dans un tube de verre scellé à sa partie supérieure et situé verticalement ; et la hauteur dont il s’agit, étant à celle de trente-deux pieds dans le rapport inverse des densités de l’eau et du mercure, il en conclut que le phénomène appartenoit à la statique, et que c’étoit réellement, comme il l’avoit deviné, la pression de l’air qui déterminoit l’eau ou le mercure à s’élever jusqu’à ce qu’il y eût équilibre.

Ceci se passoit en 1643. L’année suivante, la nouvelle de l’expérience de Torricelli se répandit en France par une lettre écrite d’Italie au père Mersenne. L’expérience fut faite de nouveau en 1646, par Mersenne et Pascal ; et celui-ci imagina, en 1647, un moyen de la rendre encore plus décisive, en la faisant à différentes hauteurs. Il invita, en conséquence, son ami Périer à la répéter sur la montagne du Puy-de-Dôme, et à observer si la colonne de mercure descendroit dans le tube à mesure qu’on s’éleveroit davantage. On voit par la lettre de Pascal à Périer, où il semble éviter de nommer Torricelli, qu’il n’avoit pas encore tout-à-fait

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Tome i.