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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

pesanteur de l’air, par une expérience très-simple, qui consiste à peser d’abord un ballon plein d’air, puis à le peser de nouveau, après y avoir fait le vide : on s’aperçoit d’une diminution sensible dans le poids du ballon.

248. On a cherché aussi à déterminer, avec précision, la pesanteur spécifique de l’air. Suivant les résultats de Deluc, le rapport entre les poids de l’air et de l’eau distillée, à la température de la glace fondante, sous une pression moyenne de 28 pouces de mercure, est celui de 1 à 760 ; et d’après les expériences de Lavoisier, le pouce cube d’air, pris à dix degrés de Réaumur, pèse 0,460,05 grains ; et le poids d’un pied cube du même fluide, est d’une once, trois gros et trois grains.

249. La pesanteur de l’air une fois reconnue, il semble qu’il n’étoit pas difficile d’apercevoir que c’est à la pression de ce fluide qu’est due l’ascension de l’eau dans les corps de pompe. Mais il a fallu, pour amener là les physiciens, une de ces observations inattendues, faites pour exciter dans les esprits cette espèce d’inquiétude et d’agitation favorable aux découvertes.

On se rappelle que les anciens philosophes, quand on leur demandoit pourquoi l’eau montoit dans les pompes, se tiroient d’affaire, en répondant que la nature avoit horreur du vide ; ce qui n’étoit autre chose qu’une manière pompeuse et imposante d’avouer qu’ils m’en savoient rien. Des fontainiers italiens, s’étant avisés de vouloir faire des pompes aspirantes, dont les tuyaux avoient plus de trente-deux pieds de hauteur, remarquèrent, avec surprise, que l’eau refusoit de s’élever au-dessus de cette limite. Ils demandèrent à Galilée l’explication de ce fait singulier ; et l’on prétend que ce

philosophe,