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DE PHYSIQUE.

IV. DE L’AIR.

243. Après avoir exposé les propriétés du liquide, qui baigne la surface de notre globe ou coule dans son intérieur, nous allons considérer celles du fluide invisible qui l’environne jusqu’à une grande hauteur. Ici un intérêt très-vif se mêle à celui que la science inspire par elle-même, pour nous solliciter vers l’étude de ce fluide, au milieu duquel nous sommes continuellement plongés, qui agit sur nous de tant de manières différentes, et auquel nous sommes redevables à la fois et de la conservation de notre vie, et de ce qui en fait un des principaux agrémens, puisque c’est à lui que nous confions d’abord nos pensées, pour les transmettre à nos semblables, avec la parole qui en est le signe.

244. On avoit remarqué, de tout temps, que l’air est toujours chargé d’une quantité plus ou moins considérable de principes hétérogènes, d’émanations de différentes espèces, et surtout de vapeurs aqueuses. Mais l’air, en le supposant dégagé de toutes ces matières étrangères qui altèrent sa pureté, étoit regardé comme un être simple, et un des quatre élémens dans lesquels tous les corps se résolvoient en dernière analyse. Il est prouvé aujourd’hui que ce fluide est formé de deux principes très-différens, dont l’un a été nommé gaz oxygène, et l’autre gaz azote. Le premier, s’il existoit seul, seroit trop respirable et consumeroit notre vie ; le second, lorsqu’on l’a obtenu isolément, suffoque les animaux qui y sont plongés. Du mélange des deux se forme un fluide