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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

fait en ce genre, lorsqu’en 1788, Betancourt ayant fait un voyage à Londres, y vit une nouvelle machine à vapeur, exécutée par les soins de Wats et de Bolton. On se contenta de lui dire que cette machine avoit beaucoup d’avantages sur les autres ; mais du reste, on lui fit mystère du mécanisme, et le secret étoit bien gardé par la machine elle-même, pour un observateur qui ne faisoit guère que passer devant un ensemble de pièces, les unes tout-à-fait intérieures, les autres masquées en partie par la disposition du bâtiment. Cependant Betaucourt devina le principe, et, de retour à Paris, il construisit un modèle, où il fit l’application de ce principe par des moyens également simples et ingénieux.

Dans cette nouvelle machine, la vapeur s’introduit aussi en dessous et en dessus du piston ; mais la perfection du mécanisme consiste en ce que l’injection d’eau froide se répète des deux côtés, en sorte qu’elle condense tour à tour la vapeur supérieure, en laissant à celle qui agit par dessous toute sa force pour élever le piston, et la vapeur inférieure, pour donner lieu à celle qui passe dans le haut du cylindre d’exercer de même tout son effort sur la base supérieure du piston. Il en résulte que le piston est poussé avec la même force, en montant et en descendant ; et de là naissent plusieurs avantages très-marqués.

D’abord le contre-poids se trouve supprimé, et c’est une surcharge de moins pour la machine ; ensuite, l’égalité d’impulsion qui a lieu dans quelque sens que se meuve le piston, permet de l’appliquer comme une puissance uniforme à un mouvement de rotation qui