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DE PHYSIQUE.

progrès de l’autre. La véritable explication du phénomène est que l’eau intercepte d’une part le contact de l’air avec le corps combustible, et d’une autre part enlève, en se vaporisant, une partie du calorique nécessaire pour produire entre les molécules du même corps un écartement qui les dispose à s’unir avec l’oxygène de l’air.

235. Lorsque l’eau encore liquide s’échauffe de plus en plus, ses dilatations varient dans un rapport sensiblement plus grand que les accroissemens de chaleur, et cette différence est surtout marquée aux approches de l’ébullition. C’est ce que l’on concevra en faisant attention que quand la distance entre les molécules aqueuses s’est accrue à un certain point, par la force élastique du calorique, l’affinité, qui n’agit très-sensiblement que près du contact, doit diminuer toujours plus rapidement, même en supposant des augmentations égales de chaleur ; en sorte que les dilatations, au contraire, croîtront dans un très grand rapport. Cependant l’effet total de la dilatation, depuis le terme de la glace fondante jusqu’à celui de l’eau bouillante, se borne à augmenter d’environ 1/26 le volume de l’eau. Mais au moment de l’ébullition, la dilatation fait un saut brusque ; et suivant les expériences les plus modernes, la vapeur se développe rapidement dans un espace dix-sept cent vingt-huit fois plus grand que celui qu’occupoit l’eau dans l’état de simple liquidité, en sorte que chaque pouce cube de cette eau produit un pied cube de vapeur.

236. C’est à cette grande expansion de l’eau vaporisée qu’est dû l’effet de l’éolipile, que l’on a si long-temps attribué à la dilatation de l’air. On appelle ainsi un vase

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