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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

phénomènes, paroissent avoir été ces espèces d’étoiles branchues qui se forment sur la surface de l’antimoine. Ce fut aux yeux des alchimistes qu’elles se présentèrent d’abord, et ils expliquèrent le fait en alchimistes : c’étoit une étoile d’heureux présage, qui leur promettoit la métamorphose de l’antimoine en or.

Les expériences faites sur le bismuth par Brongniart, professeur au Muséum d’histoire naturelle, ont offert le premier exemple d’un métal converti en cristaux saillans, par un procédé semblable à celui que Rouelle avoit employé par rapport au soufre, et qui consiste à laisser d’abord figer la surface du métal, puis à percer cette espèce de croûte et à survider le creuset. Lorsqu’on brise ensuite ce creuset, après l’entier refroidissement, on en trouve la cavité toute tapissée de cristaux, qui présentent, suivant les circonstances, des groupes d’octaèdres ou de cubes disposés sur des lignes perpendiculaires entre elles, et rentrantes comme les contours d’une volute.

On a cru que le vide laissé par le métal qui étoit sorti du creuset, en donnant accès à l’air, favorisoit la production des cristaux. La vérité est que ces cristaux se forment au milieu même du métal encore en fusion, par le rapprochement des parties qui se refroidissent les premières. Il en est de ce métal, à peu près comme de l’eau qui se congèle au milieu de l’eau même encore fluide. On ne fait autre chose, en survidant le creuset, que mettre à nu les cristaux déjà formés, et les dégager de la matière métallique enveloppante, avec laquelle ils ne feroient bientôt plus qu’une masse solide après le refroidissement. C’est ce dont on peut s’assurer en cer-