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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

autres physiciens ont jugé ce degré beaucoup plus bas qu’il n’étoit en effet, pour avoir confondu deux effets très-distincts, savoir, la température qu’avoit ce métal au moment de la congélation, et la contraction considérable qu’il éprouvoit en achevant de se fixer, ce qui le mettoit en contraste, sous ce rapport, avec l’eau, qui, comme nous l’avons vu, éprouve au contraire une dilatation, avant d’atteindre le terme où elle se congèle.

226. L’idée qui devoit conduire à la détermination de cette limite, qui est relativement au mercure ce qu’est à l’égard de l’eau le zéro du thermomètre en 80 parties, se présenta en même temps à Black et à Cavendish, deux des hommes les plus faits pour se rencontrer. Ils raisonnèrent du mercure comme de l’eau elle-même, dont la température est sensiblement constante, depuis le moment où ce liquide commence à se congeler, jusqu’à celui où toute la masse est devenue solide. M. Cavendish, pour rendre encore plus frappante l’analogie suggérée par cette observation, en fit l’application à des métaux aisément fusibles, tels que le plomb et l’étain ; et il trouva qu’un thermomètre plongé dans l’un ou l’autre de ces métaux, demeuroit stationnaire pendant tout le temps du passage de la liquidité à la solidité[1].

L’appareil destiné pour les expériences relatives au mercure, consistoit en un petit thermomètre à mercure, que l’on introduisoit dans un matras de verre dont la boule étoit remplie du même métal, et environnée d’un mélange de matières frigorifiques. On voyoit le mercure descendre progressivement dans le tube du

  1. Philosoph. transact., 1783, p.313.